AUGMENTED PAINTING

« Je « technologise » la peinture comme on augmente l’humain avec les nouvelles technologies. » ABK

MANIFESTE DE LA PEINTURE AUGMENTÉE

Le monde se meurt. Il est temps d’inventer un nouveau monde ! Il est temps de (se) questionner ! Il est temps d’expérimenter !

À l’ère du tout technologique et d’une fin de monde annoncée, que peut-être la peinture ?

Cet art s’inscrit dans une perspective poétique, rationaliste et émotionnelle.

La peinture augmentée se fait écho de son époque.

Elle se lit comme une métaphore de l’humain augmenté par les technosciences et soulève une réflexion sur le vivant et son avenir. Elle pose la question de son avenir et de celui du peintre, tout comme elle est témoigne de son époque et des questions qui l’accompagnent. Il s’agit peut- être d’une nouvelle Renaissance, d’une « Post Renaissance » qui mettrait désormais le vivant tout entier au coeur de l’art, et non plus seulement l’humain au sein des réflexions comme au temps des humanistes.

LA PEINTURE AUGMENTÉE EST UNE TECHNOLOGISATION DE LA PEINTURE.

La peinture augmentée nait dans un contexte global empreint à la fois de progrès et de dangers sans précédents.

Progrès en termes de recherches et de découvertes foisonnantes liées à l’humain et notamment dues aux NBIC*, pouvant mener à une altération significative de l’humain, que l’on nomme l’humain augmenté.

Ceci s’annonce comme la promesse d’une vie meilleure, avec une amélioration considérable de la santé, et un ralentissement de la dégénérescence physique. Dangers liés à ce que ces technologies pourraient engendrer lorsque l’on cherche à enrichir un organisme ; dangers liés à la fragilisation de l’environnement et du vivant dans son ensemble à l’ère de l’utraconsumérisme et de l’anthropocène ; dangers liés à l’accroissement des inégalités sociales. Dangers dûs à des manquements : celui de l’esprit critique éclairé conjugué à la bienveillance et à l’empathie.

La peinture augmentée est une peinture liant le geste le plus ancestral de l’art, au geste le plus contemporain, ayant pour résultat l’hybridation du pigment et du pixel. Le geste originel et la matière picturale s’accompagnent d’un développement digital, aboutissant à une œuvre dont la picturalité se voit augmentée au regard de sa conception traditionnelle.

L’hybridation même peut être réalisée à partir celle d’une peinture pigmentaire ou d’une peinture par collage, dotée ensuite d’une partie numérique bien enrichie d’une technologie contemporaine.

Les technologies permettant d’augmenter la peinture pigmentaire sont des technologies actuelles : Réalité Augmentée, Intelligence Artificielle, logiciels 3D, QRcode, Glitch, Réalité Virtuelle, Mapping, Smart pigment,… et d’autres technologies utilisées par les sciences.

Celles-ci peuvent être utilisées pour inspirer l’œuvre de peinture pigmentaire, ou bien dans le projet d’en révéler une partie, comme cela peut se réaliser à l’aide de la réalité augmentée.

Créer une œuvre de peinture augmentée suppose d’utiliser une peinture avec une matérialité physique nécessitant des outils réels et une matière palpable, ainsi qu’une autre matérialité visible, cachée ou invisible, née d’outils comme l’ordinateur, le smartphone, la tablette ou par des appareils électroniques ou technosciences permettant d’enrichir la création picturale première. La peinture peut être augmentée par des applications en libre circulation, ou un code existant, ou un code créé par l’artiste/ commandé par l’artiste à un prestataire. Les technologies sont de outils permettant l’enrichissement de la peinture.

La matière picturale utilisée pour fabriquer la peinture peut également être augmentée par de nouvelles technologies.

La conception de l’oeuvre peut s’entendre comme un dialogue humain-machine dans la mesure où les deux entités entrent en jeu pour que naisse la peinture augmentée.

Ainsi, elle est une peinture de son temps, en constante recherche, se projetant vers un troisième territoire à la fois pigmentaire et numérique, dans une quête d’équilibre pour ne pas se dénaturer.

Cette pratique permet logiquement d’interroger les technosciences dans un espace libre et critique, tant sur la conception et la composition de l’œuvre, que sur le futur du vivant et du monde. La critique, ni technophobe, ni technophile, laisse l’espace nécessaire pour une réflexion juste quant à l’équilibre à trouver pour ne pas voir le vivant, comme la peinture, se dénaturer.

La liberté de cette pratique peut aller jusqu’à sa propre remise en question, à une réflexion incorporant les notions de production de l’œuvre d’art, et de leur impact sur l’environnement tant humain, que vivant tout entier.

L’œuvre, ou sa complétion, peut être tout à la fois présente ou cachée, ne demandant qu’à être révélée, tout en laissant au public le choix d’être actif ou de se contenter d’une contemplation traditionnelle.

La peinture augmentée offre la possibilité d’un transfert du « total committment » de l’artiste au public, qui, sorti de sa dimension de vision haptique stricto sensus peut être amené à sortir d’une forme de passivité contemplative, disons d’une activité limitée à la contemplation, pour activer ou compléter l’oeuvre peinte qu’il regarde.

La cognition du public pourrait se voir modifiée dans son rapport traditionnel à l’oeuvre, dans la mesure où le public peut être amené à s’investir au- delà de l’aspect de vision haptique qui le lie à l’œuvre, à avoir une participation active au déclenchement, à la révélation ou à l’accomplissement de l’œuvre.

LA PEINTURE AUGMENTÉE PEUT EN EFFET ÊTRE INERACTIVE/IMMERSIVE/ GÉNÉRATIVE.

La dimension haptique de la peinture peut se voir étoffée d’une stimulation d’autres sens lors d’une création en quelque sorte synésthésique. Les peintures augmentées sont potentiellement amenées à appeler le public qui les regarde, à vivre la peinture d’une manière parfois plus originale qu’originelle, et quelques fois même déroutante.

LE PUBLIC EST DONC AMENÉ À VIVRE UNE « EXPÉRIENCE PICTURALE ».

En opposition à un art dit décoratif, les oeuvres peintes empruntent aux formes connues, populaires et urbaines, avec au coeur une réflexion sur l’histoire et l’environnement qui les entourent.

La notion d’ « expérience picturale » est une notion très importante de la peinture augmentée. Une oeuvre de peinture augmentée est sujette à stimuler simultanément d’autres sens que celui de la vue.

La peinture augmentée peut également faire l’objet d’une installation, invitant le public à vivre l’oeuvre comme une expérience et non plus seulement comme une interaction haptique de l’oeil avec elle.

La création de formes surprenantes, inédites, méconnues et connues à la fois, jouent quelques fois sur la sérendipité et la paréidolie. Les nouvelles approches cognitives de l’œuvre offrent de nouvelles formes de perceptions du travail artistique.

Un groupe d’artistes augmentés a été rassemblé en 2019 lors d’une exposition, avec à l’honneur Jacques Villeglé, peintre du Nouveau Réalisme. Ce groupe flexible en extension a récemment été rejoint par l’artiste et théoricien de l’art Hervé Fischer.

Ce manifeste est un acte réfléchi au fil de cette décennie, rassemblant des artistes ayant une pratique dont les « singularités collectives » peuvent être regroupées sous les termes de peinture augmentée. Les artistes pensant faire partie de la peinture augmentée sont invités à me contacter.

ABK

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